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Monsieur le Président de la République,
C’est en votre qualité de représentant de l’État, garant des libertés publiques et individuelles que je m’adresse à vous. C’est pour défendre ma liberté de pensée, de conscience, de religion, d’opinion et d’expression que je réagis aujourd’hui (article 10 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen – 1789 et articles 18 et 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme – 1948).
La France, vers laquelle tous les regards sont tournés à l’occasion des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, a choisi de se présenter au monde comme une nation ouvertement païenne et opposée à la foi chrétienne. Cette démonstration publique, réfléchie et intentionnelle, apparaissant comme un aboutissement naturel de choix éthiques, moraux et sociétaux moins explicites, mais d’un impact bien plus durable.
En tant que citoyen français, chrétien, croyant de France parmi d’autres, je suis reconnaissant de la liberté qui m’est accordée de croire et de vivre ma foi et pourtant inquiet quant au devenir de cette liberté.
Je ne cherche pas la confrontation ou la discorde, mais au contraire la paix et la concorde. Ma foi me pousse à adopter une attitude personnelle, familiale et sociale, en accord avec le «vivre ensemble». Je respecte l’autorité de l’État et de ses représentants, acceptant même les choix que je n’approuve pas.
Je partage une bonne nouvelle, je ne la décrète pas, Monsieur le Président.
Les croyants comme moi prennent activement part à la vie de la nation. Nous travaillons dans tous les secteurs de la société française, soucieux de réaliser au mieux les tâches qui nous sont attribuées, d’être une force de proposition et de cohésion. Nous faisons vivre notre pays, ses usines, ses hôpitaux, ses écoles, ses entreprises, nous faisons rayonner la France bien au-delà de ses frontières.
Nous vivons une bonne nouvelle, Monsieur le Président, nous ne l’imposons pas.
Les croyants de France sont des citoyens auxquels la nation a de quoi être fière.
Malgré tout, Monsieur le Président, dans un souci de transparence, je souhaite respectueusement vous exprimer mon inquiétude quant à ma liberté de vivre et de défendre les valeurs fondamentales à ma foi.
Car, alors que les orientations politiques adoptées par notre pays s’éloignent des principes éthiques et moraux de la foi chrétienne, je suis progressivement contraint à taire ces principes au nom d’une tolérance qui ne tolère pas ma foi. Je me vois obligé de cantonner mes convictions les plus précieuses à un cercle si intime qu’elles semblent en devenir honteuses.
Et pourtant : « La laïcité implique la neutralité de l’État et impose l’égalité de tous devant la loi sans distinction de religion ou conviction. La laïcité garantit aux croyants et aux non-croyants le même droit à la liberté d’expression de leurs croyances ou convictions.» (source : info.gouv.fr).
Pourquoi donc ma foi n’est-elle pas considérée comme l’égale des courants de pensée du moment ? Pourquoi ai-je le sentiment qu’exprimer mes convictions est bien plus sensible qu’en prôner d’autres, pourtant inimaginables hier encore?
Pourquoi me semble-t-il audacieux d’encourager une femme à garder l’enfant qu’elle porte plutôt que de lui ôter la vie? (Loi n° 2017-347 du 20 mars 2017 relative à l’extension du délit d’entrave à l’interruption volontaire de grossesse).
Pourquoi me semble-t-il périlleux d’enseigner ouvertement à mes enfants quelle conduite est considérée comme morale par la Bible et laquelle y est décrite comme étant un péché ? Ou pourquoi serait-il inacceptable qu’un homme ou une femme entende parler de ces valeurs et que, convaincu, il décide de changer d’avis ? (Loi n° 2022-92 du 31 janvier 2022 interdisant les pratiques visant à modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne, ou le Plan national pour l’égalité, contre la haine et les discriminations anti-LGBT+ [2023-2026]).
« Officiellement, il est vrai, on les arrêtait et on les jugeait non pour leur foi elle-même, mais pour avoir exprimé leurs convictions à haute voix et élevé leurs enfants dans cet esprit » A. Soljenitsyne, dissident au régime soviétique, essayiste et prix Nobel de littérature.
Votre discours aux Mureaux le 2 octobre 2020, et la loi n° 2021-1109 du 24 août 2021 confortant le respect des principes de la République « dans le but d’armer la République contre toutes les formes de séparatisme et de protéger notre modèle républicain » interrogent quant aux communautés visées par ces armes juridiques. Toutes ne menacent pas le modèle républicain, sauf à considérer la foi chrétienne comme une menace.
Hier je me sentais protégé, aujourd’hui je me sens menacé par les lois de mon pays.
Comme vous l’avez très justement exprimé au sujet de l’écriture inclusive, il est parfois nécessaire de «ne pas céder aux airs du temps» (30/10/2023), ou comme l’écrit Saint-Paul, à ne pas être « […] emportés à tout vent de doctrine, par la tromperie des hommes, par leur ruse dans les moyens de séduction, mais que, professant la vérité dans la charité, nous croissions à tous égards en celui qui est le chef, Christ ». (Éphésiens 4:14-15).
Monsieur le Président, je ne peux transiger sur mes impératifs moraux sans me renier moi-même. Je ne peux modifier le message auquel je crois sans renier Celui en qui je crois.
C’est cette position que je souhaite respectueusement réaffirmer par cette lettre.
J’affirme que je ne tairai pas le message d’amour, d’espoir et de justice qui a touché l’humanité au travers des siècles et qui m’anime aujourd’hui.
J’affirme que je continuerai à respecter les convictions de chacun, mais qu’en aucun cas je ne ferais mien un message contraire à celui de l’Évangile de Jésus-Christ.
Tous ceux qui, avec moi, se reconnaîtront dans cette lettre, souhaitent le bien de notre pays et de tous nos concitoyens. Nous continuerons de prier et d’agir dans ce sens. Mais avant toute chose, nous souhaitons plaire à Dieu. Nous continuerons toujours de penser, de parler et d’agir dans cet esprit.
Je vous prie de bien vouloir agréer, monsieur le président, l’expression de ma haute considération.
Un chrétien et citoyen français
Pour signer la pétition :
https://www.change.org/p/nous-ne-nous-tairons-pas
NB : Change.org vous proposera de donner quelques euros pour signer, n’hésitez pas à cliquer sur “Non, je préfère partager” c’est totalement gratuit. Nous ne percevons rien de la somme récoltée.
